Ecrit par

Corinne Baudoin

Quoi de plus exaspérant que de voir son conjoint à peine allonger s’endormir. Si de son côté il a trouvé les bras de Morphée rapidement, vous, vous attendez désespérément ceux du marchand de sable ! Et puis que dire de vos réveils fréquents qui donnent l’occasion à votre cerveau de vous brancher sur les inquiétudes du moment. Des questions se posent : Les femmes dorment-elles vraiment moins bien que les hommes ? Et si oui, quelles sont les raisons de ce sommeil troublé ?

Madame et Monsieur partagent le même lit mais pas le même sommeil

Toutes les études réalisées à ce jour sont unanimes : les femmes souffrent plus d’insomnies que les hommes.

En dehors des facteurs hormonaux et socio-environnementaux, la différence entre le sommeil masculin et féminin s’expliquerait par un écart de rythme dans le cycle éveil-sommeil. En effet, une étude franco-américaine avait montré en 2011 que l’horloge biologique des femmes avancerait plus rapidement que celle des hommes. Elles seraient programmées en moyenne pour se coucher plus tôt.

Située dans votre cerveau, c’est cette horloge qui établit un paramétrage personnel et unique de votre sommeil. Elle définit la quantité dont vous avez besoin, vos horaires de lever et de coucher. C’est pourquoi, il est important de connaître vos heures et de les respecter pour s’assurer une nuit récupératrice.

Or, partager le même lit signifie trop souvent partager les mêmes moments d’endormissement et de réveil. En adoptant les horaires de son partenaire au détriment des siens, Madame risque fort de dérégler son sommeil . Conséquence : elle tarde à s’assoupir. Elle devient spectatrice du sommeil bienheureux de Monsieur dont l’intensité des ronflements marque la profondeur de son repos. Agacée, elle glisse de plus en plus souvent dans le cycle infernal de l’insomnie d’endormissement.

Les principales causes des troubles du sommeil chez la femme

Un sommeil influencé par les hormones

S’il y a bien un facteur qui différencie les hommes des femmes, ce sont les hormones. La vie d’une femme est rythmée par leurs fluctuations. De la puberté à la ménopause, les variations des taux d’œstrogènes et progestérone influencent leurs nuits. A chaque étape de son existence, l’insomnie peut surgir.

D’abord tous les mois. Les menstruations peuvent impacter la qualité du sommeil. Il devient alors plus agité et moins récupérateur une semaine avant les règles ou pendant.

Puis lors d’une grossesse. Si en début, les hormones augmentent les envies de dormir, les derniers mois avant l’accouchement peuvent empêcher le maintien d’un sommeil de qualité. La difficulté à trouver une posture confortable avec le volume du ventre et les éveils induits par les mouvements de l’enfant à naître sont autant de facteurs qui diminuent les possibilités de passer une bonne nuit.

Et enfin à la ménopause. Alors que vous vous pensiez être plus tranquille avec la disparition des règles, la réalité est tout autre ! Les changements hormonaux qui se produisent à ce moment-là augmentent les troubles du sommeil. Sans oublier l’arrivée de bouffées de chaleur nocturnes, l’accroissement d’une anxiété et/ou d’une instabilité émotionnelle qui peuvent également diminuer la qualité de vos nuits.

Un quotidien plus générateur de stress et d’anxiété

Malgré une plus grande implication des hommes dans les tâches ménagères et l’éducation des enfants, il n’en reste pas moins que les femmes restent les championnes du multi-tâches. La surcharge physique et mentale les expose à des niveaux de stress et d’anxiété supérieurs à ceux des hommes. La conséquence est qu’elles sont plus sujettes à développer des insomnies.

En vous inquiétant pour tout et tout le monde, en vous affairant du matin jusqu’au soir, il est peu probable que vous arriviez détendue corporellement et psychiquement au moment du coucher. De telles tensions internes dérèglent les mécanismes du sommeil. Votre endormissement devient alors plus difficile, les éveils nocturnes se font plus fréquents, le réveil matinal plus tôt que prévu. Vous ressentez votre sommeil comme non récupérateur.

Heureusement, des accompagnements spécifiques utilisant la sophrologie, l’hypnose, la cohérence cardiaque, les TCC… existent pour vous sortir du cercle vicieux de l’insomnie.

Une sensibilité accrue à leur environnement

La pression que se mettent les femmes pour prendre soin de leur famille, pour réussir à concilier vie personnelle et professionnelle, ou pour être la meilleure des mères quand elles le deviennent, contribue à les mettre dans un état d’alerte permanent. Leur cerveau tourne à mille à l’heure alimenté par cinq sens aux aguets 24h/24.

Cette hyper vigilance qui amplifie chaque évènement de la vie, heureux ou non, les rend plus sensibles à leur environnement. Ainsi, l’écart entre les réponses à certains stimuli environnementaux entre la gent masculine et féminine s’accentue.

Il n’est pas rare que le simple voyant lumineux d’un réveil, un bruit inhabituel ou le déplacement d’un animal de compagnie à l’intérieur de la maison viennent perturber le sommeil d’une femme. Que dire encore de cette facilité que les mères ont à interrompre leur nuit pour répondre à la sollicitation plus particulièrement de leurs chérubins. À croire que leur cerveau est branché sur chacun des membres de la famille au détriment de leur propre besoin en sommeil !

Il est donc important de rappeler que pour bien s’occuper de ceux qui vous sont chers, il faille commencer par vous. Alors pourquoi ne pas demander à Monsieur de devenir la sentinelle de la famille quelques soirs par semaine ou le garde-malade de temps en temps ?



À la vue des nombreux facteurs qui menacent le sommeil des femmes tout le long de leur vie, il convient de mettre en place des actions pour le chouchouter au quotidien :

• Pensez à introduire des pauses respiratoires et relaxantes en journée, même très courtes, elles vous permettront de vous coucher avec moins de tensions, faciliteront votre endormissement et le maintien de vos nuits.
• Respectez le plus possible des horaires de coucher et lever (y compris le week-end) pour un sommeil de meilleure qualité.
• Éloignez de la chambre vos animaux de compagnie surtout s’ils ont tendance à vivre la nuit pour vous garantir un sommeil récupérateur.

par Corinne Baudoin, praticienne en sophrologie et hypnose spécialisée dans le stress et le sommeil